Quel chemin vers la neutralité carbone ?
L’Union européenne et la France sont engagées à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Or, plusieurs chemins y conduisent, qui diffèrent par le profil de baisse des émissions et les implications économiques. Les conséquences de ces chemins sont comparées à l’aide d’un modèle stylisé représentant la transition d’une économie exploitant du capital « brun » (émetteur de gaz à effet de serre) à une économie axée sur le capital « vert » (non émissif). Pour limiter le réchauffement à un niveau donné, le plus efficace est de programmer d’entrée de jeu le respect d’un budget carbone, c’est-à-dire un plafond sur le cumul d’émissions. Cette approche assure une répartition des investissements bruns et verts qui limite le coût de la transition. Pour un budget carbone restreint, elle implique une mise au rebut initiale de capital brun. La seule fixation de cibles ponctuelles de baisse, du type Fit for 55, n’envoie pas assez d’incitations à l’élimination précoce du capital brun lorsque ces cibles sont trop éloignées les unes des autres. Il est alors préférable de choisir des cibles fréquentes (au maximum tous les cinq ans) calées sur la trajectoire respectant le budget carbone. Enfin, pour un même cumul d’émissions d’ici 2050, différer la transition entraîne des coûts plus élevés in fine et davantage d’actifs mis au rebut, rendant l’ajustement moins crédible.