Entre constitution de stocks et diversification des fournisseurs, quel choix pour les entreprises ?
Pour se prémunir des ruptures d’approvisionnement en matières premières ou en composants, les entreprises importatrices adoptent principalement deux stratégies : diversifier leurs fournisseurs et constituer des stocks de sécurité. Les pratiques varient fortement d’une entreprise à l’autre : 10 % des entreprises disposent de plus de cinq mois de production en matière de stock d’intrants tandis que 10 % en ont moins d’une semaine ; une entreprise sur quatre s’approvisionne pour chaque produit auprès d’un seul pays, alors que les 10 % les plus diversifiées en pays fournisseurs en mobilisent au moins quatre.Ces deux stratégies peuvent se substituer l’une à l’autre : les entreprises avec le plus de fournisseurs se contentent généralement de faibles stocks, celles qui en ont peu stockent davantage. Cette tendance est particulièrement marquée selon la taille, les grandes entreprises privilégiant la diversification et les petites les stocks.La gestion des stocks par les entreprises importatrices réduit donc les risques de vulnérabilité de la production industrielle française aux aléas du commerce mondial. À titre illustratif, sur les 3 175 intrants importés, 174 peuvent être considérés comme à risque : ils sont peu diversifiés par les entreprises qui les importent et difficilement diversifiables, car l’offre mondiale est concentrée dans un petit nombre de pays. Exclure de ces 174 intrants ceux qui sont importés par des entreprises détenant au moins un mois de stocks conduit à réduire leur nombre de plus de la moitié. Les 79 intrants restants, les plus à risque face à des chocs de court terme sur les échanges internationaux, ne représentent que 0,2 % de la valeur totale des importations d’intrants. Pour autant, leur pénurie peut entraîner par effets en cascade des coûts économiques élevés (cas du cobalt, indispensable pour la fabrication de batteries) et d’autres types de dommages sur la population (cas de certains amino-alcools indispensables à l’industrie pharmaceutique, dont l’indisponibilité peut occasionner des pénuries de médicaments).
